Rencontre avec Sylvain Rabotovao, un acteur de l’Éducation Environnementale à Madagascar
- Louise Petit
- 15 mars 2018
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 mars 2018
À Madagascar, il existe le C.R.E.E. (le Centre de Recherche en Éducation Environnementale). Pour tout vous dire, j'étais assez surprise quand j'ai appris cela. Ni une ni deux, me voilà débarquée dans la capitale pour rencontrer le responsable technique de ce centre : Sylvain Rabotovao.

Bonjour Sylvain ! Peux-tu te présenter ? (parcours, profession...)
Salama daholo (bonjour tout le monde).
Je m'appelle Sylvain Rabotovao, je viens de Madagascar. Ma maman était enseignante, donc je suis tombé dans la marmite dès le début ! (rires)
J'ai obtenu mon diplôme de professeur de Sciences Naturelles à l’École Normale Supérieure (ENS) d'Antananarivo en 2002.
J'ai travaillé pendant 3 ans dans un lycée, puis j'ai eu plusieurs opportunités.
J'ai été embauché par le WWF en tant que consultant pour la réalisation d'un outil pédagogique. Il s'agissait d'un kit d’animation et de sensibilisation sur la biodiversité faunistique et floristique endémiques et caractéristiques de chaque région de l'île.
Ensuite, j'ai été chargé de mission pour la Coopération Technique Allemande au Développement (GIZ-PGM-E). Je devais assurer la conception et la réalisation de matériels didactiques se rapportant à la mise en œuvre de l’Éducation Relative à l’Environnement et son intégration dans le programme scolaire.

Et ce n'est pas tout! J'ai travaillé aussi pour l'UNICEF, pour des Directions Régionales de l’Éducation Nationale (DREN) et j'ai été consultant national pour le projet PACARC (Projet d’Amélioration des capacités d’adaptation et de résilience face aux changements climatiques), dans les communautés rurales des régions Analamanga, Atsinanana, Androy, Anosy et Atsimo Andrefana.
Aujourd'hui, je suis enseignant-chercheur, en Sciences Expérimentales et Mathématiques à l’École Normale Supérieure d'Antananarivo.
Je suis aussi le Responsable technique du CREE, le Centre de Recherche en Éducation Environnementale.
Comment est né le Centre de Recherche en Éducation Environnementale (CREE) ?
Avec des collègues de l’École Normale Supérieure, on a voulu travailler dans le domaine de l’Éducation Environnementale. Vu le manque d’analyses, de documents sur tout ce qui était Éducation Relative à l'Environnement (ErE) à Madagascar, on a voulu capitaliser toutes les expériences des acteurs (État, ONG, associations, etc.) pour avoir un état des lieux des acteurs et des actions réalisées. L'UNICEF a appuyé cette étude en 2012-2013.
Ensuite, on a aussi pensé qu’une structure de recherche focalisée sur l’Éducation Relative à l'Environnement était pertinente à mettre en place... On a donc pris l’initiative de créer un laboratoire de recherche au sein de l’École Normale Supérieure (ENS) à Tana.

Qu’est-ce qui t’a poussé à travailler dans ce domaine ?
Pour les enfants Malagasy et aussi pour la promotion de l’Éducation, même si on sait déjà que ce n'est pas simple et que ça prendra beaucoup de temps...
Quelles seraient les « clés » ou tes idées pour améliorer la sensibilisation à l’environnement à Madagascar ?
Des idées surtout pour améliorer l’Éducation, car "éducation" et "sensibilisation" sont deux choses différentes, mais complémentaires (sensibilisation, communication et information, cadre surtout avec l’approche de Communication pour le Développement).
Pour l’éducation :
- Beaucoup de choses ont déjà été faites ici à Madagascar (au moins 140 outils, 63 acteurs), il faut capitaliser et prendre ce qui est bon… ne pas toujours vouloir recommencer tout depuis le début, mais améliorer ou renforcer ce qui existe déjà... Donc plus de partage entre acteurs, de l'entraide avec une bonne collaboration
- Diversifier les outils suivant les besoins et les cibles
- Intégrer l’État (ou les représentants) dans tout ce qu’on fait

Photo : Matériel pédagogique créé par le CREE
Quel regard portes-tu sur la situation actuelle du pays ? (sociale, économique, environnementale…) ?
Le pays est pauvre, majoritairement jeune... Il y a de nombreuses opportunités, surtout en matière d’environnement. Les jeunes Malagasy doivent prendre conscience que ce sont eux qui ont les clés en main, qu'ils peuvent faire avancer les choses même si ça paraît compliqué.
Un credo dans la vie ?
"Plus tu partages, plus tu reçois…"
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