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Premier bilan

  • Photo du rédacteur: Louise Petit
    Louise Petit
  • 11 mars 2018
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 mars 2018

11 mars. Cela fait déjà un mois et une dizaine de jours que je suis arrivée à Antsirabe... L'heure d'un petit bilan est donc venue ! Que s'est-il passé durant ces dernières semaines ? Quelles sont les avancées au niveau projet ? Quelles sont les perspectives de travail ? Les objectifs à venir ? Les premiers ressentis, les premières déceptions ? Les ajustements à faire, les missions à modifier ou à supprimer ? Alefa, je vous dis tout !

Crédit photo : Pierrot Men


La vie à Antsirabe

Avant d'entrer dans le vif du sujet et de parler un peu plus de mes missions "professionnelles", je tenais à revenir rapidement sur les aspects plus "personnels" de mon nouveau séjour à Madagascar. Ce premier mois a été relativement bien vécu. Ici, pas de cocotiers, pas de sable fin ni de mer bleue turquoise... Sainte-Marie semble bien loin du quotidien d' Antsirabe. La vie est-elle plus rude ? Les gens sont-ils plus pauvres ? La misère est-elle plus présente ? Je n'ai pas les chiffres, je n'ai pas de statistiques pour ébaucher un début de réponse à ces questions. Toutefois, je peux facilement faire part de mon ressenti.

Photo : Pierre Koval


Oui, je trouve la vie plus difficile ici ; des gens mendient (enfants, adultes, personnes âgées) d'autres dorment dans la rue (idem)... A Sainte-Marie, étais-je "aveuglée" par le contexte (nature abondante, sourires des habitants, ambiance "vacances", quotidien mora mora...) ? Je ne sais pas, mais quoiqu'il en soit, j'ai l'impression que le quotidien des gens ici est plus difficile. Chaque ville ou village traversé renvoie des "ondes" bien particulières et différentes. Je ne peux pas dire que je me sente "mal" à Antsirabe, mais ce n'est pas une ville dans laquelle je me vois évoluer sur le long terme. Trop "urbanisée" pour moi peut-être... Trop de scènes ou de situations que je n'arrive pas encore à surmonter, trop de différences visibles entre chaque classe sociale...


« MIANATRA TENY MALAGASY AHO » (J'APPRENDS LE MALAGASY)

Grande nouveauté... Je prends désormais 3h à 5h de cours de malagasy par semaine. Je me rends compte que j'aurais dû entreprendre cela dès mon arrivée à Sainte-Marie l'année dernière. Le lien que l'on peut avoir avec les Malgaches change radicalement. Ils deviennent très ouverts, baissent leur garde, et semblent heureux qu'on essaie de parler leur langue... Chaque jour qui passe, c'est un nouveau petit mot qui s'ajoute à mes phrases encore hésitantes, et ce sont de nouveaux instants de partage et d'échanges.



Les missions professionnelles

À Madagascar, la proportion des zones forestières recule chaque année. Cette déforestation s’explique par une surexploitation de la part d’une population rurale très pauvre et non informée sur les conséquences d’une gestion non maîtrisée des ressources naturelles.

Les efforts de conservation restent vains s’ils ne sont pas consolidés par la sensibilisation, l’éducation et la formation. Le meilleur vecteur de changement face aux problématiques environnementales est sans doute l’éducation. Les jeunes d’aujourd’hui sont les décideurs de demain. C'est pour cette raison que l'association Cœur de Forêt souhaite développer un programme de sensibilisation adapté aux problématiques environnementales rencontrées dans la région d'Antsirabe à destination de différents publics.


UNE RÉCOLTE D'INFORMATIONS FASTIDIEUSE ET CHRONOPHAGE

Comme je l'ai déjà expliqué dans un de mes articles (voir https://alefa2018.wixsite.com/alefa/articles/le-volontariat), je suis dans une première phase de « diagnostic » et d'enquête. Il me faut prendre le temps de me familiariser au contexte, aux habitants, à leur mode de vie et de fonctionnement, aux problèmes qu'ils rencontrent, à leurs envies, leurs motivations... Il me faut avoir le maximum d'éléments en main afin d'avoir une vision précise de tout ce qui m'entoure. Je pensais que la récolte d'informations allait être assez rapide. Je me suis rapidement rendue compte que ça n'allait pas être le cas... Où comment récupérer un simple plan de la ville d'Antsirabe devient un véritable parcours du combattant ! Même schéma pour avoir la liste des établissements scolaires avec les effectifs (mis à jour), les numéros de téléphone des directeurs, la situation géographique, le nombre de classes par école...


Il faut s'armer de patience et faire avec les éléments que l'on peut obtenir. On perd souvent des demi-journées entières à aller prendre un rendez-vous pour en avoir un le lendemain (si par chance la personne est là et si c'est elle qui détient les informations que l'on souhaite!).

COMMENT SE DIVISE LE TERRITOIRE ?

Dans ma tête, c'était très clair : j'allais mettre en place un grand comité d'éducation à l'environnement dans la région Vakinankaratra... Mais mes plans ont été modifiés quand je me suis rendue compte à quel point le territoire était étendu et morcelé en différentes zones qui ne sont pas forcément toujours facile d'accès.

La ville d'Antsirabe se trouve dans la région du Vakinankaratra, région divisée en 7 districts : - Mandoto

- Betafo

- Faratsiho

- Antsirabe I

- Antsirabe II

- Antanifotsy

- Ambatolampy

Chaque district se divise ensuite en plusieurs communes, elles aussi morcelées en fokontany.


ET COMMENT ÇA SE PASSE AU NIVEAU DE LA SCOLARITÉ ?

Chaque district a une Circonscription Scolaire (CISCO) et ce territoire est divisé en plusieurs ZAP (Zones d'Animation Pédagogique) représentée par un chef ZAP. À l'intérieur de ces zones, on trouve des EPP (écoles primaires publiques), des écoles primaires privées, des écoles communautaires, des CEG (Collège de l'Enseignement Général), des lycées et des Universités.

DEUX CISCO AUX PROBLÉMATIQUES DIFFÉRENTES

J'ai eu l'occasion de rencontrer les chefs respectifs des CISCO du district Antsirabe I et du district Antsirabe II. Tous deux étaient enchantés par le projet et aimeraient que nous puissions collaborer ensemble.


CISCO ANTSIRABE I

61 établissements publics et 173 établissements privés (du primaire au lycée). Les établissements scolaires sont tous répartis dans la ville d'Antsirabe. Le point positif pour l'association, si elle choisit d'intervenir dans cette zone, est la facilité d'accès.


CISCO ANTSIRABE II

Plus de 235 EPP. Une population plus rurale, enclavée, plus pauvre d'après ce que la chef CISCO m'indiquait. "Ce sont des élèves très pauvres, ils arrivent à l'école le ventre vide, ils ne peuvent pas étudier, ils doivent travailler dans les champs... Nous on a le projet de mettre en place des cantines scolaires dans chaque établissement afin de proposer un minimum d'un repas chaque jour."


Des rencontres et des échanges

J'ai eu l'occasion de rencontrer Mme. Felana RAHERINJATOVOARISON, assistante technique gouvernance et développement social au WWF Madagascar, avec qui j'ai pu discuter sur les actions et les projets liés à la sensibilisation et à l'éducation environnementale développés par l'association.

Photo : Felana RAHERINJATOVOARISON


J'ai également pu échanger avec Maryse Parent, présidente de l'association AZIMUT basée à Diego Suarez, au nord de Madagascar. Une discussion qui a été très enrichissante et bénéfique pour mon projet. Les retours qu'elle a pu me faire m'ont permis de recadrer certains points et actions que j'avais l'intention de mettre en place.

Photo : Maryse Parent à gauche, entourée d'enseignants utilisant le "Kit Mad'ERE"


À Madagascar, des efforts conséquents ont été fournis, beaucoup d’argent a été dépensé, des outils ont été créés mais qui, pour une grande part, ont disparu. De plus, il ne faut pas l'oublier, des centaines d’ONG continuent à œuvrer pour la protection de l’environnement et pour la sensibilisation. Il est donc très important d’avoir ces données en tête afin de mieux connaître et mieux comprendre le contexte. En effet, on peut se demander, ce qui reste de tout cela aujourd’hui ? Y a-t-il eu un impact durable sur les jeunes, sur les communautés ? Et cela malgré tous les efforts qui ont été menés, à la fois au niveau politique, provincial vers des publics divers et malgré tout bien ciblés.

Pour proposer un programme ayant des solutions pérennes, je souhaiterais vraiment partir sur des bases solides en impliquant des acteurs motivés pour mettre en place un projet viable, cohérent et pertinent.

La semaine dernière, j'ai rencontré la présidente des associations de la région Vakinankaratra. L'idée de se concerter avec différentes associations, de mettre les acteurs en réseau lui semble très pertinente. Elle déplore un manque de communication et d'échanges entre les différentes associations. "Il y a beaucoup beaucoup d'associations ici... Mais elles font toutes leurs actions de leur côté. Qu'est-ce que c'est le résultat ? Pas grand chose ! Sur le long terme, ce n'est pas pérenne". Concernant la reforestation, elle a eu un discours assez virulent à l'égard de la société malagasy COTONA (La Cotonnière d'Antsirabe ) qui est le plus gros employeur de la région mais qui consomme une quantité phénoménale de bois pour le fonctionnement de ses machines. "Ils ont déjà tout coupé ici et commencent à déforester d'autres régions ! Ce sont eux qu'il faut arrêter, ce sont eux qu'il faut viser dans vos actions".


Un mois de mars qui s'annonce chargé

Pour faire court, clair et concis... voici les grandes missions qui m'attendent ce mois-ci :

- Étude des outils existants (matériel didactique : livres, mallettes pédagogiques, magazines, programmes scolaires...)


- Sélection de la zone d'intervention


- Rencontre avec Dr. Sylvain Andrisoa RABOTOVAO, responsable technique du CREE Le Centre de Recherche en Éducation Environnementale (CREE) est un laboratoire de recherche en Éducation Environnementale, au niveau de l’École Normale Supérieure, créé dans le but de capitaliser tous les acquis (manuels, approches, démarches, expériences etc.) en matière d'ErE, ErEDD, EDD à Madagascar.


- Enquête auprès des EPP (écoles primaires publiques) de la zone géographique retenue

- Rencontre avec les acteurs basés à Antsirabe et aux alentours, œuvrant dans les domaines de l'éducation, la santé et l'environnement


- Réunion avec les écoles sélectionnées, la chef de la CISCO Antsirabe II et les chefs ZAP (Zone d’animation pédagogique)


- Capitalisation des informations obtenues suite à l'envoi du questionnaire sur les pratiques d'éducation environnementale à Madagascar


 
 
 

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